La ville d’Aïdin se trouve au centre de la fertile vallée de Menderes avec une population de 20.000 personnes dont 8.000 Grecs. Bien que l’occupation de ce secteur ne fut pas prévue par la conférence de la paix de Paris, en 1919, le haut commandement grec chercha à affirmer sa prédominance dans la région. L’idée de faire revivre l’empire byzantin portait le nationalisme grec. Après un débarquement à Smyrne (15 mai 1919), les troupes grecques s’enfoncèrent dans l’Anatolie orientale pour occuper Aïdin, le 27 mai. L’agitation ne fit que s’amplifier avec des populations locales, grecques comme turques, armées jusqu’aux dents. La troupe se trouva notamment incapable de maîtriser les milices grecques locales.
Les troupes grecques débarquent à Izmir (Smyrne), le 15 mai 1919
La bataille d’Aïdin (27 juin 1919) commença par une embuscade contre une patrouille grecque. L’action fut conduite par des irréguliers turcs conduits par Yörük Ali à la gare de Malgaç, au sud de la ville. En représailles, des villages furent brûlés par les Grecs qui furent poursuivis à leur tour par les Turcs jusqu’aux abords de Aïdin. Des tirs d’artillerie déclenchèrent des incendies dans le quartier de Cuma, peuplé de Turcs. Les troupes grecques refusèrent de laisser la population l’évacuer et tuèrent de nombreuses personnes. Elles quittèrent la ville dans la nuit du 29 au 30, abandonnant la population grecque. Les hommes de Yörük Ali commencèrent à commettre des exactions dans le quartier grec. Pour échapper au massacre, les habitants se réfugièrent dans le couvent français puis se mirent sous la protection de la garnison ottomane commandée par le colonel Sefik Bey.
Le 4 juillet, des troupes grecques reprirent le contrôle de la ville malgré l’interdiction de l’Entente et mirent de nouveau le feu au quartier turc mais aussi à de nombreux villages environnants. La population turque et un millier de Grecs avaient déjà trouvé refuge dans la zone d’occupation italienne ou dans la région de Nazili-Denizli où ils restèrent jusqu’à la fin du conflit. La ville était encore en grande partie en ruine quand l’armée turque la réoccupa le 7 septembre 1922.
La commission inter-alliés tenta avec difficulté d’estimer les pertes civiles. Un officier français établit une fourchette quelques jours après les événements : entre 1.500 et 2.000 Grecs et entre 1.200 et 1.500 Turcs. Ce type d’affrontement ne pouvait qu’attiser le ressentiment entre Turcs et Grecs déjà opposés en 1913 lors de la guerre des Balkans qui avait vu les premiers perdre pratiquement toutes leurs possessions sur le continent européen.
Source: www.net4war.com